Le NaNoWriMo 2014, c’est fini et je suis heureux des avancées de mon roman. Je totalise 54 000 mots pour ce projet, certains écrits dans la facilité, d’autres plutôt dans la force, voire la pénibilité…
En commettant 2 entorses au règlement, j’ai basculé dans le camp des « NaNoRebels » mais ça m’a permis d’aller au bout du challenge et de faire naître 3 textes au lieu d’un. Je retire de cette expérience plusieurs leçons sur l’écriture.
J’ai atteint les 50k le 26 novembre, avec une moyenne de 1800 mots par jour (variations entre 150 et des pics allant de 4 à 6000). Cette moyenne est influencée par l’entorse n°1 (voir + bas) et ne prend pas en compte les 3 jours où je n’ai rien écrit (repos nécessaire + cinéma + empêchement).
Pendant tout le NaNo, j’ai tâché de rester en avance sur la moyenne à écrire chaque jour, grâce aux 6300 mots écrits le 1er jour à la Kick-off Party. Ça m’a donné un sentiment de confort, surtout pour les moments où j’étais peu disponible ou peu motivé. Pour réussir ce challenge, j’ai dû organiser différemment mon travail (je suis instit’) pour me libérer du temps, et aussi… écrire tard le soir ! Pas évident à faire toute l’année…
Un atout pour le NaNo
Pour la 1ère fois, j’ai pleinement mesuré les effets facilitant de disposer d’un synopsis détaillé. C’était même un peu déroutant : je n’avais qu’à le consulter pour savoir où aller, quoi écrire. Ça m’a surtout rendu service d’avoir facilement accès aux plans de la cité spatiale et au vocabulaire inventé (technologies, institutions politiques, expressions, etc.).
C’est confortable, mais ça m’a parfois donné un sentiment de rigidité, d’être moins libre d’improviser. Parfois aussi, je me suis senti « pressé » par le NaNo et je n’ai pas toujours pris le temps de bien développer certaines scènes. Il me faut trouver le juste équilibre entre les 2, le dosage qui me convient (bien sûr, c’est propre à chacun).
NaNoRebel #1 : copier-coller du texte existant
Oui, j’avoue 😉 : j’ai copié-collé des passages entiers en provenance de la version novella de « Une Cité sous Influences », écrite cet été, pour un total d’environ 10 000 mots. L’univers et les caractéristiques des personnages n’ont pas changé et il aurait été dommage de me priver de descriptions, d’anecdotes et de dialogues de qualité, sur lesquels j’ai déjà passé de nombreuses heures de travail (dont bêta-lectures sur CoCyclics). Les réécrire n’aurait eu aucun sens.
J’ai choisi de les comptabiliser dans mon Word Count car j’ai passé beaucoup d’heures à relire ces passages , les modifier et les adapter à mon nouveau scénario (de toute façon, ça aurait été trop compliqué de les soustraire).
La « NaNoRebellion » est une chose relativement courante. Il y a une section dédiée sur le forum pour ceux qui transgressent les règles officielles : écrire plusieurs nouvelles, continuer ou corriger un roman déjà existant, etc.
Pendant un moment, je me suis senti coupable de ça, comme si je trichais. Ce qui m’a tranquillisé, c’est de me rappeler que le NaNo est un challenge personnel dont le but est de nous pousser à placer l’écriture au centre de notre vie pendant 1 mois, de nous motiver à avancer un grand coup dans un projet de roman.
Globalement, j’ai passé beaucoup de temps à retravailler et enrichir mon texte. Il est plus important pour moi de produire tout de suite un matériel d’une qualité correcte plutôt que de viser la performance de la quantité et d’avoir un travail de réécriture titanesque ensuite (il y en aura de toute façon, mais je n’ai pas envie de devoir jeter les 3/4). Aucun intérêt : mon but est de me faire plaisir en écrivant un texte riche et cohérent, et de pouvoir le publier après. C’est pour ça que je n’écris « que » 800 mots par heure en moyenne.
Chacun vit le Nano à sa façon, c’est une expérience personnelle.
2 écueils à éviter pour garder le moral
Le 1er problème, c’est que je me suis fréquemment comparé à d’autres qui écrivent plus vite, malgré mon avance et mes copiés-collés. Or, je crois qu’il est important de garder à l’esprit que le NaNo n’est pas une course (ou alors juste avec soi-même). Chacun écrit à son rythme et à sa manière, moi je suis « condamné » à aller assez lentement. Mais c’est comme ça que j’aime bien écrire et que j’écris bien.
Pour lâcher prise par rapport à cette comparaison, une phrase du livre de John Izzo (lire ma chronique ici) m’a bien aidé : il suggère de nous visualiser en vieillard et d’imaginer ce que cette personne nous conseillerait. Pour moi, le conseil était limpide : à la fin de ma vie, le nombre de mots écrits au NaNoWriMo 2014 n’aurait aucune importance, que les 50k soient atteints ou non. Ça ne valait pas la peine de gâcher des journées qui pourraient être bien vécues autrement.
Le 2e écueil que j’ai rencontré a été de comparer la qualité de mon texte à des romans publiés, tels « Les Pousse-Pierres » que je lisais en parallèle, alors que ce ne sont pas des 1ers jets : ils ont été travaillés et retravaillés, au point de n’avoir peut-être plus rien de comparable à la version d’origine.
Ce roman a d’ailleurs suivi un cycle complet sur CoCyclics et jouit d’un univers très réaliste, de nombreux rebondissements et d’un suspense intense… On ne voit que le produit fini, alors qu’il y a derrière tout un processus de création derrière. En réalité, on ne lit que la partie émergée de l’iceberg !
C’est donc une erreur pour les jeunes auteurs comme moi de comparer leur 1er jet à des romans publiés, surtout si ça a pour conséquence de se dévaloriser et d’avoir envie de baisser les bras… À la fin de mon propre processus d’écriture, mon roman aura sûrement beaucoup changé ! Je compte d’ailleurs appliquer plus rigoureusement les conseils que donne John Truby dans son livre sur le scénario afin de rendre chaque chapitre et chaque scène passionnant.
NaNoRebel #2 : écrire des nouvelles en plein NaNoWriMo
Un quart des mots écrits appartiennent en fait à 2 nouvelles de science-fiction, que j’ai comptabilisées dans mon Word Count.
- J’ai entamé une nouvelle science-fiction / horreur (mais légère) par impatience, pour l’instant sans titre. En effet, l’appel à textes Toxic-World a été lancé récemment par les éditions Walrus et j’ai commencé à y réfléchir. Les idées sont venues et il me tardait d’écrire cette histoire, mêlant aliens et zombies dans le monde créé par Stéphane Desienne (interview ici + chronique là). J’ai donc pris une journée pour noter mes idées et développer certains passages clés. Je ne l’ai pas fini, mais le texte est prometteur et sera travaillé sur le forum de CoCyclics pour un envoi avant la date limite du 27 mars.
- « La Balade du Détecteur » a été mon bol d’air salvateur. La dernière semaine du NaNo, je commençais vraiment à saturer de mon roman, notamment à cause de la gestion complexe des indices de l’enquête policière et aussi parce que j’ai trop comparé mon texte aux « Pousse-Pierres » … En me focalisant sur mes manques, l’écriture est devenue pénible malgré la technique du lance-pierre émotionnel. Je me suis donc autorisé une pause en me demandant ce qu’il me ferait plaisir d’écrire, ce qui m’amuserait (j’ai plein d’idées en attente sur mon disque dur).
J’ai opté pour une qui me trotte depuis longtemps dans la tête et les mots sont venus de façon très fluide, très rapide, et c’était vraiment fun d’écrire cette histoire. Elle est d’ailleurs en train de s’allonger plus que je ne l’aurais cru : 15 000 mots aujourd’hui, et ce n’est pas fini ! (90 000 sec, si ça parle mieux à certains)
Bref, je retiendrai que, quand je sature sur un texte, changer d’histoire peut être salutaire.
Suites à donner au NaNo et effets positifs
Maintenant, l’objectif n°1 est de finir « La Balade du Détecteur ». Je sais où je vais et il convient de battre le fer tant qu’il est chaud 🙂 Je le laisserai reposer un moment avant corrections et bêta-lectures d’extraits sur CoCyclics. Puis, je vais écrire la nouvelle pour l’AT Toxic-World et la travailler aussi sur CoCyclics.
Ensuite, je remettrai à plat le scénario de « Une Cité sous Influences » pour le rendre vraiment passionnant (j’ai l’impression de répéter ça depuis quelques mois déjà…). Certains passages, notamment les réunions des enquêteurs, font un peu trop « catalogue d’indices » ennuyant. Je dois dynamiser tout ça !
Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelques fois, et souvent effacez…
Bref, le bilan du Nano est très positif pour moi, pour la richesse des textes qui ont émergé et pour les prises de conscience. Je vais avoir un mois de décembre bien occupé !
De plus, réussir ce challenge a renforcé la confiance dans mes capacités à écrire beaucoup et en qualité. Dire qu’en octobre, je craignais de ne pas être capable d’écrire autant. Le NaNo a aussi confirmé que ça me conviendrait bien d’être écrivain à plein temps.
Ça m’a également fait chaud au cœur, un peu comme quand j’ai découvert CoCyclics, de rencontrer autant d’auteurs passionnés engagés dans le NaNo, que ce soit sur les réseaux sociaux (Twitter regorge d’auteurs !) ou en vrai comme à la Kick-off chez Bragelonne. Merci à vous pour le partage autour de cet évènement et de notre pratique ! On réitère l’année prochaine pour un Camp NaNoWriMo en avril ? 🙂
Et vous, comment avez-vous vécu votre NaNo ?
Si vous ne l’avez pas fait, qu’est-ce que vous inspire mon expérience ? Rencontrez-vous des difficultés similaires ? Que pensez-vous des conclusions que j’en tire ?
Bravo pour ce challenge réussi !
90 000 secs déjà pour ta nouvelle…. c’est un beau bébé. Tant mieux si ça t’a permis de souffler et vive les NaNorebels. Le challenge est personnel de toutes façons…
Je ne l’ai pas fait cette année et je ne vois pas comment je pourrais le faire : j’aimerais avoir le don d’ubiquité ! En tout cas je suis admirative devant ces 50 000 mots.
Bonne continuation à toi.
ELEA
Bonjour et merci ELEA 🙂
Effectivement, 90ksec, ça commence à faire long dans mon fichier Word ! J’ai repris mes bonnes vieilles habitudes avec ce logiciel, délaissant Scrivener, un peu lourd à gérer pour une simple nouvelle (mais pratique pour un roman, surtout la fonction de double affichage), même si on ne sait jamais à l’avance la taille finale d’un texte, la preuve ! D’ailleurs, j’y pense en l’écrivant, mais il serait sûrement plus simple de transférer le texte dans Scrivener pour le découper en chapitres.
Après, même si l’ubiquité serait pratique 😉 atteindre les 50 000 mots n’est pas une fin en soi, même 10 000 en un mois est déjà une victoire qui sert nos projets. Peut-être participeras-tu à l’un des camps NaNo, en avril ou juin ? On peut se fixer l’objectif que l’on souhaite, à partir de 10 000 mots, et se regrouper avec des gens ayant un objectif ou un genre littéraire similaires aux nôtres (ou pas, c’est au choix). Personnellement, les 50k, c’est un peu éprouvant, je viserai plutôt les 40k.
A bientôt,
Jérémie
Prendre une bonne avance le premier jour, ça m’aurait sans doute permis de me motiver davantage (mais je suis parti avec du retard) !
Quant à écrire d’autres textes pendant le NaNo, je te rejoins: moi aussi j’ai cédé et suis devenu un « nanorebelle », et je pense que quand on a une idée, mieux vaut écrire sur cette idée stout de suite. après il sera trop tard (oubli et manque de motivation).
En tout cas, bravo pour ce premier Nanowrimo réussi, surtout avec ton métier ! L’an dernier, j’étais PE aussi et je n’aurai jamais pu faire le Nano.
Salut Jérôme,
Merci et bravo à toi aussi pour tes 32k ! Effectivement, l’avance peut jouer un rôle psychologique non négligeable 🙂
Je ne suis encore que jeune PE, mais pour la première fois cette année, j’ai réussi à garder mon poste, donc (un peu) moins de choses à reconstruire, c’est confortable ! A ce que je comprends, tu as donc changé de profession. Ce sera sans doute mon cas un jour, quand je pourrai me consacrer entièrement à l’écriture (et le NaNo me prouve que ce n’est pas toujours facile !).
Je suis en train de lire ton propre bilan, commentaire à venir.
A bientôt,
Jérémie