Il y a quelques années, j’avais expérimenté une technique pour structurer mon travail et alimenter ma créativité. Je planchais alors sur un scénario de roman. Et je l’ai retrouvée dans le manuel d’aide à l’écriture d’Orson Scott Card, « Comment écrire de la fantasy et de la science-fiction ».
L’éclairage du célèbre écrivain m’a permis de mieux saisir le potentiel de cette technique que j’avais employée de manière instinctive mais un peu confuse.
Dans cet article, je partage avec vous cette astuce pour inventer et enrichir un monde imaginaire.
La technique d’écriture
En fait, il s’agit d’une technique de dessin. Pour ceux qui ne sont pas super à l’aise comme moi, gribouiller des formes sera amplement suffisant, même si cela peut bien sûr déboucher sur un travail plus artistique !
Le but est de dessiner la carte du monde, de la ville ou du lieu que l’on a imaginé. Dans un premier temps, ça permet plusieurs choses :
- attribuer une place précise aux éléments les uns par rapport aux autres au lieu de rester dans le flou,
- mieux visualiser les choses et avoir une vue claire de l’ensemble,
- disposer d’une ressource importante pour écrire des descriptions du lieu ou des actions qui s’y dérouleront.
Vous pouvez également partir de rien et vous amuser à créer une carte de toutes pièces en inventant au fur et à mesure ! Essayez, vous serez sûrement surpris du résultat !
L’intérêt de dessiner cette carte
Grâce aux conseils d’Orson Scott Card, je sais maintenant comment tirer le maximum de cette technique en terme de créativité. Le grand avantage est qu’à mesure que vous dessinez et placez les éléments, vous allez être amené à vous poser une série de questions capitales pour votre monde, qu’il soit SF ou fantasy :
- Pourquoi cet élément est-il là et pas ailleurs ?
- Quelle est son passé, son histoire, sa création ?
- Comment le ou les personnages perçoivent cet élément ?
- Quelle est son utilité, son rôle pour mon récit ?
Rien ne doit être laissé au hasard, essayez de tout expliciter, de tout justifier. Chaque chose a une raison d’être, d’être à cet endroit précis et de cette façon-là. Sinon, elle n’est pas utile à votre histoire et peut être impitoyablement supprimée…
Un exemple personnel de carte pour enrichir mon scénario
Comme je le disais en introduction, j’ai un scénario de roman en pause depuis plusieurs années (je le reprendrai peut-être un jour). Cette histoire prend place dans un vaste monde de fantasy et, pour m’y retrouver et fixer mes idées, j’avais à l’époque réalisé sa carte sur PowerPoint. J’avais utilisé cet outil car les éléments créés sont faciles à déplacer et à réorganiser (en fait, j’avais trouvé ça plus pratique que sur papier avec les gommages répétés).
J’avais alors constaté qu’il y avait des « trous » dans la carte, des zones floues. Les compléter a fait naître de nouvelles idées et mon univers s’en est profondément enrichi :
Attention, il ne s’agit pas d’un banal travail de « bouche-trou », chaque élément peut (et doit) être créé avec plaisir et venir alimenter votre imaginaire. Par exemple :
- dans un coin vide des steppes, j’ai eu l’idée d’implanter la carrière (n°2 ci-dessus) d’où étaient issues les pierres servant à la construction d’une des grandes villes (n°3). J’ai imaginé qu’un site archéologique y avait été découvert et qu’il avait joué un rôle pour structurer la religion dominante de cette ville (cette religion influence beaucoup l’intrigue).
- pour retarder une bataille entre les villes 3 et 14 (détail important pour la chronologie de mon histoire), j’ai rajouté une barrière naturelle : des montagnes à contourner pour l’armée ennemie (j’ai prolongé celles du nord).
- la disposition de certains éléments m’a fourni des ressorts dramatiques : pour aller de la ville n°10 à l’emplacement n°16 dans la forêt, mes personnages devront passer par la ville n°15 (initialement placée ailleurs) et rencontrer tels personnages et tel problème…
Grâce à cette technique de la carte, j’ai donc pu jouer sur la culture, la chronologie et la dramatisation de mon histoire ! Pas mal, vous ne trouvez pas ?! Et si je décide de m’y remettre, j’interrogerai attentivement chaque élément avec les questions de Mr Card.
Ensuite, j’avais procédé de la même façon pour organiser les quartiers des 2 villes principales et pour concevoir un autre lieu-clé du scénario, avec les mêmes effets d’enrichissement de mon récit.
En conclusion
Cette technique de la carte sert principalement à structurer et à enrichir le cadre de votre histoire. Il vous faudra encore imaginer l’intrigue qui s’y déroulera…
Mais, si tout se passe bien, à mesure que vous inventez des éléments et leur trouvez une raison d’être, des bouts de votre scénario émergent. Parfois, les assembler vous donnera des idées pour votre histoire ou vos personnages.
Alors, que pensez-vous de cette technique ? L’avez-vous déjà mise en œuvre ? Avec quels effets ?
Je possède moi-même le bouquins de Card (sans compter celui qu’il a écrit sur la création des personnages), et tu m’as donné envie de m’y remettre. Ta démonstration est très claire, et c’est vrai que l’utilisation d’une carte pour mettre en place des éléments de l’histoire peut être un bon biais.
Très bon blog ; je crois que tu risques de me revoir souvent ! 😉
A.C.
Bonsoir A.C.,
Content que cet article t’ait donné envie de te remettre à l’écriture ! Je n’ai pas le livre de Card sur la création de personnages, je vais me le procurer bientôt (peut-être en anglais).
A bientôt alors, sur mon blog ou sur le tien, que je trouve très sympa aussi 😉
Jérémie
En fait, je suis actuellement en pleine écriture (nouvelles, notamment) : ce que je voulais dire, c’est que ton article me donnait envie de me replonger dans le bouquin de Card, que j’ai lu il y a plus de six ans à présent. Pour celui sur les personnages, je crois qu’il est toujours dispo (en français, s’entend).
Merci pour ton appréciation de mon blog.
A bientôt !
A.C.
Salut A.C.,
OK, je n’avais pas bien compris ton message. Alors j’espère que la lecture de ce livre de Card te stimulera dans ta créativité 😉
Pour le 2e livre de Card, il est dispo en français, mais à 50 ou 100 euros !
Jérémie
Merci pour les conseils c’est génial. L’écriture c’est ma passion. Ça fais deux ans que je planche sur mon premier tome et je galère grave.
Comme A.C. de Haenne, j’ai les livres d’O.S.C et tu me donnes en vie de m’y remettre sérieusement.
Mon problème, c’est qu’à chaque fois que j’essaie de planifier mon futur « roman », j’y passe tellement de temps, qu’à la fin je laisse tomber parce que ça me gave.
Du coup, le NaNoWriMo est vraiment fait pour moi car il me permet d’oublier un peu les détails et d’avancer dans l’écrit (ce qui ne m’empêche pas, après, de reprendre mon écrit pour structurer et corriger 😉 ).
J’ai même investi dans des logiciel (Scrivener, Contour, Storyist, StoryMill), mais je n’arrive pas à m’en servir car tout est en Anglais 🙁
Bonjour Nadège,
Content que tu retrouves l’envie de te remettre à ton roman 😉 Je comprends aussi ce que tu dis sur la planification, le temps et l’énergie que ça peut prendre… Je me rappelle bien de ta participation au NaNoWriMo (tu en parlais sur ton blog) et je me pose moi-même la question d’y participer ou non à l’automne prochain (j’ai peur que ça me demande énormément de temps…).
Quant aux logiciels dont tu parles, je ne les connais pas (je me renseignerai). Je me débrouille pour l’instant avec Word même si ça devient peu pratique à gérer dès que le document atteint une certaine taille, avec des annexes, etc. Il y a quelques années, j’avais essayé d’écrire un roman de fantasy et j’avais fini par baisser les bras tellement ça devenait difficile de travailler comme ça.
A bientôt et bon courage pour ton roman !
Jérémie
Oui, le problème, c’est qu’il n’y a pas de bon logiciel d’écriture en français…
Nadège, as-tu essayé les nouvelles ?
A.C.
Non A.C. de Haenne , je n’ai pas tenté les nouvelles. Je ne suis pas sûre d’y arriver…
Jérémie, oui le Nano prend beaucoup de temps. Mais ça dépend aussi si tu écris vite ou pas, si tu travailles, si tu as une vie de famille etc etc…
Je participe là, au Camp Nano de Juillet qui commence ce soir à minuit. Du 1° au 31 Juillet. Même principe, sauf qu’on peut choisir son nombre de mots à écrire 😉
Depuis que je t’ai écrit, je me suis familiarisée avec Scrivener et c’est vraiment pas mal comme logiciel 😉
Bonjour Nadège,
Content d’apprendre qu’il existe un Nano avec la liberté de choisir son nombre de mots. Je te souhaite une belle réussite pour ton challenge (tu t’es fixé combien de mots par jour, si c’est pas indiscret ?).
Pour moi, ce ne sera pas ce mois-ci car je vais partir en vacances une dizaine de jours et ce serait trop compliqué. Et puis j’ai envie de faire une vraie coupure. Je verrai l’automne si je le sens, j’ai effectivement une vie de famille et un boulot prenant 😉
Pour en revenir aux nouvelles, je trouve pour ma part qu’elles peuvent être plus simples à écrire que des histoires plus longues dans le sens où elles sont moins lourdes à gérer, à transformer… Ce qui m’a parfois bloqué, c’est de me mettre la pression pour faire une chute. Alors qu’on peut très bien écrire des histoires à la fin ouverte, un peu comme des chroniques de moments de vie ou de sociétés imaginaires, qui laissent au lecteur la possibilité de rêver la suite ou à l’auteur de l’écrire un jour s’il en a envie.
A bientôt,
Jérémie
Coucou Jérémie,
Je te réponds avec un eu de retard :p
Je m’étais fixé 31.000 mots 1000 par jour), soit pas tout à fait 100 pages.
Je n’ai fait que 13.000 mots en fin de compte, mais je suis contente quand même 😉
Pour les nouvelles, je ne suis pas sûre d’y arriver parce que je ne sais pas du tout écrire « l’essentiel » en faisant court 😉
Préviens-moi si tu fais le Nano en Novembre, je prendrais plaisir à te suivre 😉
J’avoue que c’est fabuleux.
Et voilà,
Le nanowrimo 2013 est fini, et j’ai fait mes 50.000 mots.
J’ai travaillé sur plusieurs histoires en même temps, et j’en ai entamé une nouvelle que j’espère bien finir 😉
Comme quoi, le nano m’a bien remis dans le bain 😉
Bonjour Nadège et bravo pour cette performance !
Je n’y ai pas participé, mais novembre a été prolifique pour moi : j’ai notamment écrit une nouvelle de 15.000 mots en une quinzaine de jours, alors je peux imaginer le boulot que peut représenter 50.000, surtout avec un boulot à plein temps en parallèle et une vie de famille… J’imagine qu’il faut mettre certains aspects de sa vie un peu entre parenthèses ou bosser à mi-temps. En tout cas, je suis content pour toi que tu aies pu avancer sur plusieurs fronts en même temps 😉 N’hésites pas à me faire savoir quand tu publieras, ça m’intéresse !
Est-ce que tu utilises toujours Scrivener ? Dans un précédent commentaire tu disais que tu commençais à l’utiliser. Est-ce que tu trouves ce logiciel satisfaisant ?
Amicalement,
Jérémie
Oui, on mais certains trucs entre parenthèse, en effet 😉
Et on explose le compteur le week-end :p
Pour l’instant, la publication n’est pas vraiment à l’ordre du jour…
Et oui, j’utilise Scrivener, et j’en suis très contente (surtout depuis qu’ils ont mis l’interface en français).
Je le conseille à tous ceux qui écrivent 😉
Je vais me renseigner sur Scrivener dans ce cas. J’utilise Word depuis un moment et je maîtrise bien ses fonctionnalités, mais j’imagine qu’il doit exister plus adapté pour le travail qu’on fait 😉
A bientôt !
En effet, Scrivener est plus adapté, car tu peux avoir plusieurs documents sur un même page: il suffit de cliquer sur les onglets.
Tu as toutes les infos ici: http://www.literatureandlatte.com/scrivener.php
😉
Bonjour Nadège,
Merci pour le tuyau, je vais aller voir ça !
Si tu veux l’acheter, fais-moi signe, j’ai 50% dessus jusqu’en Janvier.
Si personne ne m’a demander le coupon sur Facebook entre temps, et si tu es intéressé, je te donne mon code 😉
Bonjour
J’ai 18 ans et actuellement j’écris une histoire de fantasy (qui avance à petits pas), j’utilise aussi la technique de la carte sauf que pour ma part je préfère la faire à la main. Je trouve cela très pratique, je suis très désorganisée dans l’écriture de cette histoire alors le fait d’avoir une carte de mon monde imaginaire m’aide à mis retrouver un peu.
Bonne continuation à vous, cordiallement.
Bonjour,
Content que votre histoire de fantasy avance 🙂 Dessiner sa carte à la main a en effet un côté plus agréable qu’avec un logiciel (dans cet exemple PowerPoint, mais aujourd’hui j’en utiliserais un + adapté). Je m’étais résolu à la 2e solution car j’en avais assez de gommer, regommer et finir par recommencer ma carte dès que j’y apportais des modifications. Avec un logiciel, elle est facilement modifiable. Et une fois qu’on est relativement « fixé » sur la structure de son monde et qu’on passe à la phase de rédaction proprement dite, il est toujours possible de la dessiner pour en avoir une belle sous les yeux, à punaiser sur le mur devant son bureau 😉
Bonne continuation également,
Jérémie
J’ai également fait une carte pour avoir le schéma en tête de la ville fictive de mon roman fantastique, et une carte pour le monde que j’ai inventé. Bon c’est très brouillon et je n’ais pas l’intention de la montrer à quiconque; mais c’est bien d’avoir une idée des lieux dans sa tête et pas forcément que des lieux principaux, mais ceux qui ne paraissent pas clair également. Peut-être ferais-je un jour une vrai belle carte avec photoshop mais pour l’instant je préfère me concentrer sur l’histoire et pas y passer des heures non plus :).
Hello Lunawen,
Tu as raison, réaliser une carte ne doit pas nous décentrer du processus d’invention de notre histoire, d’autant que l’univers inventé risque de beaucoup évoluer au gré de l’écriture ! L’avantage, c’est qu’elle peut aider à l’enrichir, notamment la carte du monde (ou des mondes 😉 ), en interrogeant la fonction de chaque élément, comme le conseille Orson Scott Card.
Pour les cartes de villes ou autres endroits de dimensions restreintes, c’est surtout au moment de la rédaction des scènes qui s’y passent que ce support sera très utile pour rester cohérent et bien visualiser les choses.
A bientôt,
Jérémie
Bonjour cher cartographe de l’imaginaire,
étant de nature très créative, je me désespérais de ne plus pouvoir écrire. Les idées ne manquent pas, mais leur exploitation me décourage vite et quand j’arrive à me lancer, je finis toujours par me lasser avant d’arriver au bout de l’oeuvre. Il y a peu a émergé l’envie d’imaginer un monde médiéval fantastique mais avec en premier plan un aspect très classique, axé sur la campagne, des paysages que j’aime et puis j’en suis venu à imaginer des petits villages avec leur nom pittoresque lié à un historique particulier. Et je me suis dit que je tenais enfin quelque chose de spécial. Je peux concevoir un monde tout en racontant de petites histoires sans me mettre de pression. En lisant ton article je découvre avec bonheur que ça peut être une véritable stratégie recommandée par des auteurs de renom. Merci.
Bonjour Greg,
Content que cet article t’ait conforté dans cette idée 🙂 Il y a en effet de nombreuses façons de convoquer l’inspiration et si tu as trouvé celle qui te fait plaisir et qui te permet d’écrire sereinement, à ton rythme, c’est tant mieux !
Bonne écriture !
Jérémie